Le 15 juin au matin, Jean Moulin constate qu'il est presque seul, dans une ville vidée de ses habitants, pour accueillir les dizaines de milliers de réfugiés qui la traversent.
Le 17 juin, à sept heures du matin, les premiers soldats allemands entrent dans Chartres. L'arrestation de Jean Moulin, le soir du même jour, et son refus obstiné de signer un document accusant les soldats africains de l'armée française du meurtre de civils sont connus.
Dans les jours qui suivent, les habitants du département, rattrapés sur les routes de l'exode par l'armée allemande, prennent le chemin du retour, pour découvrir parfois leur maison endommagée ou détruite par un bombardement, ou encore pillée pendant leur absence. Mais si certains réfugiés ont pu rentrer chez eux dès le 19 juin, le retour à la normale ne se fait que progressivement.
Ainsi à Poisvilliers, village proche de Chartres, un témoignage nous permet de savoir que l'électricité est rétablie le 30 juin, et le courrier à nouveau distribué à partir du 6 juillet.
À Chartres même, l'électricité est rétablie le 19 juin, après cinq jours d'interruption, et le premier marché, garantie d'un ravitaillement normal de la population, a lieu le 29 juin, tandis que l'eau de la ville ne redevient potable que le 24 juillet.
Contenu du document
C'est dans ce contexte que le Préfet Jean Moulin décide le 2 juillet d'adresser une lettre circulaire aux Maires du département, afin de leur rappeler leurs obligations et les mesures d'urgence qu'il convient de prendre pour rétablir les services essentiels à la population. Il juge utile de leur rappeler aussi, dans les dernières lignes, que, malgré l'occupation allemande, les « lois et règlements français continuent à s'appliquer ».
L'exemplaire conservé par les Archives départementales d'Eure-et-Loir est une première version de la circulaire, dactylographiée puis corrigée en plusieurs endroits de la main même de Jean Moulin.
Celui-ci a en outre ajouté en haut de la première page, à l'intention des services de la préfecture, une annotation significative des difficultés de l'heure : « 450 exemplaires à expédier dès que le service postal fonctionnera ».
D'autres textes de Jean Moulin, parfois autographes, souvent émouvants, sont conservés et ont déjà été, pour beaucoup d'entre eux, exposés ou publiés.
Circulaire du Préfet Jean Moulin (Papier, feuillet double 19,8 x 31 cm)