L'abbé Suger, prévôt de Toury, devenu "Père de la Patrie"

Par eurelien.fr
//  Publié le
12-03-2014
//  Mis à jour le 01-02-2019
Temps de lecture : 11 min
Suger en Premier ministre (représentation moderne)

Prévôt de Toury, l'abbé Suger devint, au XIIe siècle, le premier «Premier ministre» de l'histoire de France auprès du roi Louis VI et Louis VII.

ATTENTION : cet article a plus de 9 ans et pourrait ne plus être d’actualité

L’abbé Suger fut conseiller politique de deux rois, l’un des pères de l’art gothique, précurseur du sentiment national et régent du royaume de France. Prévôt de Toury, il y laissa l’empreinte de son esprit bâtisseur.

L’abbé Suger est parmi les figures historiques d’Eure-et-Loir qui ont le plus marqué l'histoire de France. Il a aussi façonné sa ville de Toury en construisant un château médiéval et un mur d’enceinte dont les vestiges sont encore visibles aujourd’hui. La place principale de Toury porte d’ailleurs son nom. L’abbé Suger naît dans une famille modeste de paysans ou petits chevaliers vers 1081. Il est confié par son père à l’âge de 10 ans, en tant qu’oblat (offrande) à l’abbaye de Saint-Denis, sise près de Paris. L’oblature est un « ascenseur social », qui donne une chance d’occuper, à l’âge adulte, les plus hautes fonctions du clergé. Suger côtoiera le futur roi Louis VI sur les bancs de l’école, ils se lieront d’amitié. À l’âge de 20 ans, Suger devient moine à Saint-Denis.

Prévôt de Toury à 28 ans

Huit ans plus tard, après une expérience réussie en Normandie, Suger est envoyé à Toury pour y diriger la prévôté du prieuré. Toury dépend de l’abbaye de Saint-Denis. La charge de prévôt inclut la gestion du domaine (qui comprend toutes les dépendances beauceronnes de l’abbaye) et la perception des revenus qui en résultent.
Louis VI, devenu roi un an plus tôt, est alors en conflit avec le seigneur voisin du Puiset, qui conteste son autorité et commet maintes exactions. Suger lui conseille de mettre sa ville de Toury en défense pour sécuriser la route entre les villes royales de Paris et d’Orléans. Ce que Louis accepte en autorisant Suger à y réédifier un château et des fortifications. Au-delà de ces constructions, Suger a habilement poussé le roi à affirmer la primauté de son pouvoir sur celui des seigneurs. Ce renforcement de l’autorité royale, fondatrice de l’État, sera le grand œuvre de la vie de Suger.

Précurseur de l’architecture gothique

Suger sera aussi un promoteur des idées nouvelles de son temps. Ainsi, Toury est l’une des premières terres d’abbaye à bénéficier d’une charte de franchise royale, qui lui confère des privilèges, notamment fiscaux, une autonomie de gestion et garantit des droits aux plus humbles, comme celui de voir leur parole reconnue en justice. En 1122, Suger est élu abbé de Saint-Denis. Il entreprend alors de reconstruire l’église abbatiale dont il fera le premier édifice majeur construit selon les principes de l’architecture que l’on appelle aujourd’hui gothique.

Le «Père de la Patrie»

 
Bien plus qu’architecturale, son œuvre sera politique

 

Mais bien plus qu’architecturale, son oeuvre sera politique. Proche conseiller de Louis VI, puis de Louis VII, sa compétence s’exerce dans tous les domaines, faisant de lui le premier personnage à occuper des fonctions de « Premier ministre ». Louis VII parti en croisade, il devient régent du Royaume de 1147 à 1149. Proclamé par le roi « Père de la Patrie », il est l’un des premiers à penser le royaume comme une entité nationale « Il n’est ni juste ni naturel que l’Angleterre soit soumise aux Français ou la France aux Anglais. » Promoteur des droits des bourgeois (alliés du roi contre l’arbitraire des pouvoirs seigneuriaux), initiateur du mariage de Louis VII et d’Aliénor d’Aquitaine (qui triple la superficie du royaume), il ne verra pas, après sa mort en 1151, Louis VII, commettre en répudiant son épouse, l’acte fondateur de la guerre de Cent Ans.

L’empreinte de Suger à Toury

Plus de neuf cents ans après, l’empreinte laissée par Suger à Toury reste considérable. Si Toury est aujourd’hui une petite cité dynamique, c’est en partie grâce à Suger qui lui donna un statut prestigieux où les rois, jusqu’à la fin de l’Ancien Régime « faisaient gîte ». Le plan de la ville s’organise toujours autour du château (voir encadré) que Suger avait édifié à l’emplacement actuel de l’hôtel de ville. En plus des fortifications dont la ville conserve plusieurs vestiges, la maison du « Pavillon » sise 12, rue aux Daims daterait de Suger. On retrouve aussi son souvenir dans le nom des rues, comme celle « des franchises » et bien sûr la place Suger, devant la mairie, face à l’église, un lieu parfait pour celui qui fut autant l’ardent artisan du respect du pouvoir spirituel que de l’établissement du pouvoir temporel.

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