L'abbé Suger, prévôt de Toury, devenu "Père de la Patrie"

Prévôt de Toury, l'abbé Suger devint, au XIIe siècle, le premier «Premier ministre» de l'histoire de France auprès du roi Louis VI et Louis VII.
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L’abbé Suger fut conseiller politique de deux rois, l’un des pères de l’art gothique, précurseur du sentiment national et régent du royaume de France. Prévôt de Toury, il y laissa l’empreinte de son esprit bâtisseur.
L’abbé Suger est parmi les figures historiques d’Eure-et-Loir qui ont le plus marqué l'histoire de France. Il a aussi façonné sa ville de Toury en construisant un château médiéval et un mur d’enceinte dont les vestiges sont encore visibles aujourd’hui. La place principale de Toury porte d’ailleurs son nom. L’abbé Suger naît dans une famille modeste de paysans ou petits chevaliers vers 1081. Il est confié par son père à l’âge de 10 ans, en tant qu’oblat (offrande) à l’abbaye de Saint-Denis, sise près de Paris. L’oblature est un « ascenseur social », qui donne une chance d’occuper, à l’âge adulte, les plus hautes fonctions du clergé. Suger côtoiera le futur roi Louis VI sur les bancs de l’école, ils se lieront d’amitié. À l’âge de 20 ans, Suger devient moine à Saint-Denis.
Prévôt de Toury à 28 ans
Précurseur de l’architecture gothique
Le «Père de la Patrie»

Mais bien plus qu’architecturale, son oeuvre sera politique. Proche conseiller de Louis VI, puis de Louis VII, sa compétence s’exerce dans tous les domaines, faisant de lui le premier personnage à occuper des fonctions de « Premier ministre ». Louis VII parti en croisade, il devient régent du Royaume de 1147 à 1149. Proclamé par le roi « Père de la Patrie », il est l’un des premiers à penser le royaume comme une entité nationale « Il n’est ni juste ni naturel que l’Angleterre soit soumise aux Français ou la France aux Anglais. » Promoteur des droits des bourgeois (alliés du roi contre l’arbitraire des pouvoirs seigneuriaux), initiateur du mariage de Louis VII et d’Aliénor d’Aquitaine (qui triple la superficie du royaume), il ne verra pas, après sa mort en 1151, Louis VII, commettre en répudiant son épouse, l’acte fondateur de la guerre de Cent Ans.
L’empreinte de Suger à Toury
Plus de neuf cents ans après, l’empreinte laissée par Suger à Toury reste considérable. Si Toury est aujourd’hui une petite cité dynamique, c’est en partie grâce à Suger qui lui donna un statut prestigieux où les rois, jusqu’à la fin de l’Ancien Régime « faisaient gîte ». Le plan de la ville s’organise toujours autour du château (voir encadré) que Suger avait édifié à l’emplacement actuel de l’hôtel de ville. En plus des fortifications dont la ville conserve plusieurs vestiges, la maison du « Pavillon » sise 12, rue aux Daims daterait de Suger. On retrouve aussi son souvenir dans le nom des rues, comme celle « des franchises » et bien sûr la place Suger, devant la mairie, face à l’église, un lieu parfait pour celui qui fut autant l’ardent artisan du respect du pouvoir spirituel que de l’établissement du pouvoir temporel.
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