Portrait : Louis Benech

Le paysagiste de renom Louis Benech a « reprisé » le jardin de l’ancien collège royal de Thiron-Gardais pour Stéphane Bern. Rencontre avec un homme qui cultive la simplicité.
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Si le célèbre paysagiste Louis Benech, avec quelque 300 jardins à son palmarès, accepte avec plaisir de parler de l’Eure-et-Loir, c’est peut être parce que c’est ici qu’il a réalisé l’un de ses tout premiers jardins. Il garde un souvenir ému de ce parc du Bois Hinoux, près de Villebon, qu’il a aménagé dans la fin des années 1980 : « C’est devenu un endroit très joli dont je suis particulièrement fier : il tient encore la route 40 ans après ! »
C’est avec simplicité que Louis Benech parle de son travail et sa passion. Il a beau être l’un des plus brillants paysagistes de son temps, il reste accessible. Une pensée foisonnante comme une jachère fleurie, des histoires tentaculaires comme des herbes folles, un rire sonore comme l’écho de la forêt, des références érudites et des anecdotes insolites, ce jardinier droit dans ses bottes et la tête dans les nuages garde toute l’authenticité des premières heures de sa vocation.
Familier des grandes fortunes – de Guinness à Rotschild –, qui l’ont fait travailler dans leurs jardins, Louis Benech n’en dédaigne pas pour autant « le charme inouï et poétique » du beau jardin ornais de la Petite Rochelle, à Rémalard. Un jardin comme il les aime, sans artifice, simple. Même s’il a « 60 histoires sur le feu » – entendez 60 projets de jardins en cours –, il prend le temps. Celui d’évoquer « ses maîtres », Russell Page et David Hicks, et d’expliquer :
« Je n’ai pas envie de faire un jardin signé Louis Benech. Ce que j’adore, c’est que les gens arrivent dans un lieu et ne remarquent pas mon travail : quand cela ne se voit pas, c’est que c’est juste : ni anachronique, ni incongru, ni prétentieux. »
Ses coups de coeur...
Le château de La Ferté-Vidame
« Voilà un lieu à la fois fantomatique et somptueux : il y a de grands vides, des arbres, de l’eau, du ciel et un décor de théâtre. Toutefois, je reconnais qu’il faut qu’on fauche les prés, qu’on entretienne les pièces d’eau, qu’on consolide l’architecture restante ! »
Le jardin de l’ancien collège royal de Thiron-Gardais
« Stéphane Bern a beaucoup dit que j’avais refait le jardin mais… il n’en est rien ! J’ai « reprisé » : je n’ai pas changé le dessin du tout, j’ai seulement enlevé des choses qui n’étaient pas justes. Cet endroit a été un collège royal, mais c’est l’expression d’un jardin de père prieur : un jardin de curé puissance 10 ! »
Le château d’Anet
« Pour moi, c’est un témoignage, même s’il n’est que partiel, puisqu’il a été détruit à plus de 60%, de la naissance de l’architecture d’aujourd’hui, sans aucune fioriture. Philibert de l’Orme, qui l’a réalisé, est pour moi un génie de l’architecture dans sa totale simplicité et sa justesse de proportion qui m’émeut. »
Le château de Houville-la-Branche
« Dans un pays plat de chez plat, il y a une île de maisons qui pourrait être en Italie : la situation géographique du château de Houville est indescriptible. J’ai donné des conseils pour ce jardin, il y a longtemps. Je me souviens que la façade était d’un enduit en partie rose et quand il y avait un coup de soleil, on n’était plus en France... »
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