Préserver notre patrimoine, c’est cultiver l’avenir

ATTENTION : cet article a plus de 1 an et pourrait ne plus être d'actualité.

Le Conseil départemental d’Eure-et-Loir mène une politique globale de préservation du patrimoine en restaurant ses sites classés, mais aussi leurs trésors, qu’il s’agisse de mobiliers, d’objets ou œuvres d’art.

Le Petit Château de La Ferté-Vidame

Le plus grand chantier de restauration d’un monument historique classé en Eure-et-Loir, le Petit Château du Domaine de La Ferté-Vidame, représente un investissement de 4,2 millions d’euros et près de deux ans de travaux. L’échafaudage monumental qui a réclamé quatre mois de montage, est spectaculaire. Mais la restauration de ce château aménagé dans la première moitié du XIXe siècle par le futur Roi Louis-Philippe, serait historiquement incomplète si son environnement ne répondait pas à ce retour en grâce. « C’est pourquoi le Conseil départemental a aussi lancé le projet de restituer les dessins du parc à la française tel qu’il avait été créé au moment de l’aménagement du Château.» explique Eric Gérard, Vice-président du Conseil départemental en charge de la comission Culture, vie asssociative, sport et usages numériques innovants. Un chantier moins spectaculaire, mais qui remettra en concordance le Château avec son écrin et qui, surtout, rendra, pour très longtemps, son identité au site. Prendre soin des monuments en se fondant sur leur histoire pour leur assurer un avenir, c’est tout l’enjeu de la préservation du patrimoine.

Le jardin du Pré Catelan

Les Monuments historiques sont des sites vivants, et les sites naturels en sont le meilleur exemple, à l’image du jardin Le Pré Catelan, à Illiers-Combray. Le site conçu par Jules Amiot, l’oncle de Marcel Proust, est classé Monument historique, mais il est aussi le seul jardin d’Eure-et-Loir à bénéficier du label Jardin Remarquable décerné par le ministère de la Culture. « Ce label est renouvelable tous les cinq ans, nécessitant un constant investissement du Département dans l’entretien des végétaux et des arbres, mais aussi la restauration de ses décors et l’effort pour l’ouvrir au public », précise l’élu. Ainsi, lorsque le jury de la Direction des affaires culturelles (DRAC) a effectué, en septembre dernier, sa visite d’inspection du Pré Catelan pour la demande de renouvellement du label pour 2022-2026, les agents du Conseil départemental ont pu mettre en avant le soin apporté à la taille des haies comme à la conception en cours d’un système de visite guidée numérique.

La Maison de Tante Léonie

A Illiers-Combray également, le Département assume la préservation de la Maison de Tante Léonie – Musée Marcel Proust et là aussi, la préservation du site va de pair avec la préservation de ce que l’on appelle les collections, c’est-à-dire les mobiliers et œuvres d’art. En plus d’un programme de restauration de la maison elle-même estimé à 2,1 millions d’euros pour 2022 et 2023, le Département fait restaurer, en cette fin d’année 2021, quatre peintures, quatre meubles et un objet en bois marqueté. Pour chaque objet ou œuvre, le Conseil départemental fait appel aux restaurateurs les plus expérimentés.

Le Château de Maintenon

Après les décors de la Grande Galerie des Portraits du Château de Maintenon restaurés en 2018-2020, se prépare un grand programme de restauration des façades de l’aile Louis XIV, du toit du corps de logis, et l’aménagement de l’avant-cour.

Ce chantier réclamera plusieurs années de travaux, et débutera, au premier semestre 2022, par l’aménagement de l’église Saint-Nicolas en accueil et boutique. Recherches historiques, propositions d’architectes spécialisés dans les Monuments historiques, discussions avec les services du ministère de la Culture, échanges avec la Fondation Mansart, propriétaire du site, ces grands travaux exigent une minutieuse préparation et la mobilisation de multiples compétences au Conseil départemental, afin de réussir à conjuguer l’ensemble vers un seul objectif, préserver pour mieux partager et transmettre. Là encore, l’intérieur du château fait l’objet d’autant d’attention que l’extérieur, chaque objet ou œuvre d’art est suivi par le service Conservation du Département, qui garde par exemple un œil sur l’hygrométrie des pièces, veille à l’impact de la lumière du soleil sur les décors, etc.

Et chaque année mène des projets de restauration. En ce moment, le lit du Maréchal de Noailles, mobilier du XVIIe siècle, deux tentures originaires des Flandres et datées du XVIIe siècle, ainsi qu’un tapis en soie tissé en Asie centrale au XVIIIc siècle, sont partis en restauration dans les ateliers de spécialistes. Le billard, aussi lourd que fragile, a réclamé la mobilisation d’une dizaine de personnes pour être démonté début octobre, afin de partir lui aussi en restauration.

Comme les grands travaux sur le bâtiment, la restauration d’œuvres et d’objets exige un travail préparatoire de longue haleine. Ainsi, les cuirs de Cordoue servant de décor mural à la salle à manger du Roi font en ce moment l’objet d’une étude scientifique pointue afin d’envisager leur restauration en 2022 ( un investissement à venir de l’ordre de 100.000 € ). Céline Bonnot-Diconne, maître d’art, et sa collègue Marie Héran, les deux plus grandes spécialistes de ces décors, travaillent aussi bien avec des scalpels qu’avec des tablettes numériques et des microscopes pour comprendre l’histoire de ces cuirs, la façon dont ils ont été posés, leur évolution au fil des ans, etc.

Autant d’éléments qui guideront les gestes des restaurateurs pour qu’au siècle prochain, d’autres Euréliens puissent profiter de la beauté de ces trésors.